Le statut d’indépendant séduit de plus en plus de travailleurs, avec près de 4 millions d’entrepreneurs individuels en 2021. Si cette liberté attire, elle s’accompagne de défis, notamment pour obtenir un prêt bancaire. Les banques restent prudentes face à l’irrégularité potentielle des revenus des indépendants, imposant des conditions strictes. Pourtant, des solutions existent pour optimiser ses chances d’accès au crédit.

1. Préparer un dossier solide et rassurant

  • Ancienneté et stabilité : Les banques exigent généralement trois ans d’activité minimum, avec des bilans positifs et un chiffre d’affaires stable ou en progression sur les trois dernières années.
  • Justificatifs à fournir : Préparez vos trois derniers bilans, vos avis d’imposition, vos relevés bancaires professionnels et personnels, ainsi qu’un prévisionnel d’activité si votre projet le nécessite
  • Secteur d’activité : Les professions libérales médicales ou les secteurs porteurs sont mieux perçus. Mettez en avant la stabilité de votre secteur et la récurrence de vos clients.
  • Taux d’endettement : Veillez à ne pas dépasser le taux d’endettement recommandé de 35% pour éviter un refus automatique de la banque.
  • Apport personnel : Un apport conséquent et une épargne disponible rassurent la banque sur votre capacité à gérer vos finances et à anticiper les aléas.

2. Diversifier les interlocuteurs et les solutions.

  • Banques traditionnelles et organismes de crédit : Outre les banques classiques, tournez-vous vers des organismes de crédit spécialisés ou des plateformes comme Mansa ou Finfrog, qui proposent des offres adaptées aux indépendants, parfois avec des démarches digitalisées et plus souples.
  • Faire appel à un courtier : Un courtier en crédit (ou intermédiaire en opérations bancaires) vous accompagne dans la constitution du dossier, identifie les établissements les plus ouverts à votre profil et négocie les meilleures conditions3. Il peut aussi vous aider à remplir les formalités administratives et à mettre en avant les points forts de votre situation.
  • Crédits spécifiques : Certains organismes proposent des crédits dédiés aux freelances, avec des conditions adaptées à la variabilité des revenus.

3. Explorer le portage salarial pour rassurer la banque

Le portage salarial permet à un indépendant de bénéficier d’un contrat de travail et de bulletins de salaire, éléments très appréciés des banques. La société de portage lisse les revenus sur plusieurs mois, donnant l’image de revenus réguliers et stables. De plus, le consultant en portage bénéficie de la même protection sociale qu’un salarié (assurance maladie, retraite, chômage), ce qui rassure les établissements prêteurs. En cas de maladie, de maternité ou d’inactivité, il peut être indemnisé comme un salarié classique, ce qui sécurise davantage son profil aux yeux des banques.

4. Valoriser les garanties et assurances

  • Assurance emprunteur : Elle est quasi systématiquement exigée. Comparez les offres entre l’assurance groupe de la banque et les assurances individuelles, souvent plus avantageuses pour les indépendants10.
  • Prévoyance : Souscrire une assurance prévoyance adaptée peut renforcer votre dossier, car elle garantit le remboursement du prêt en cas d’incapacité de travail ou de décès.
  • Garanties complémentaires : Il est possible de solliciter des garanties auprès d’organismes spécialisés (ex : SIAGI) qui peuvent couvrir une partie du montant du crédit.

5. S’appuyer sur des aides publiques et locales

  • Prêt d’honneur : Proposé par des réseaux comme Initiative France ou Réseau Entreprendre, il s’agit d’un prêt à taux zéro, sans garantie, qui peut servir d’apport personnel et déclencher un effet de levier auprès des banques.
  • Microcrédit professionnel : Des associations comme l’Adie ou France Active accompagnent les indépendants dans le financement de leur projet, même pour des montants modestes.
  • Aides régionales et locales : Renseignez-vous auprès de votre mairie, des chambres de commerce ou des collectivités locales pour connaître les subventions ou dispositifs spécifiques à votre secteur ou votre région.

6. Conseils pratiques pour maximiser ses chances

  • Domicilier ses revenus professionnels dans la banque sollicitée : Cela rassure l’établissement sur la gestion de vos flux financiers1.
  • Emprunter à deux : Présenter un co-emprunteur en CDI ou avec des revenus stables peut faciliter l’obtention du prêt1.
  • Soigner sa gestion : Des comptes bancaires bien tenus, sans incident de paiement, sont un atout majeur.
  • Présenter un projet clair : Expliquez votre activité, vos perspectives de développement et votre stratégie de gestion des risques.

En résumé :
L’accès au crédit pour un indépendant n’est pas impossible mais exige rigueur, anticipation et stratégie. Un dossier solide, la diversification des solutions (banques, organismes spécialisés, portage salarial), le recours à un courtier, la valorisation des garanties et l’utilisation des aides publiques sont autant de leviers pour convaincre un établissement financier. Préparez-vous, informez-vous, et n’hésitez pas à vous faire accompagner pour mettre toutes les chances de votre côté.

Sources

  • Service-public.fr, Recherche de financements pour créer ou reprendre une entreprise, décembre 2024
  • Pretto.fr, Travailleur indépendant : comment obtenir un prêt immobilier ?
  • Banque de France, Le microcrédit
  • Hellosezame.com, Peut-on obtenir un crédit immobilier en étant indépendant ? décembre 2024
  • Économie.gouv.fr, Entrepreneurs : connaissez-vous le microcrédit professionnel ? décembre 2024
  • Empruntis.com, Obtenir un prêt personnel pour un travailleur indépendant
  • Finfrog.fr, Crédit freelance : comment obtenir un prêt ?
  • Économie.gouv.fr, Le prélèvement à la source des indépendants : mode d’emploi

Ces sources fournissent des informations détaillées sur les démarches, les aides et les solutions de financement adaptées aux travailleurs indépendants.

Par  Güler REKIK, et Mariam Konté

Güler REKIK, Fondatrice d’EZERÏA

Mariam Konté stagiaire en licence professionnelle gestion organisation économie sociale et solidaire économie sociale

Publié le 02/05/2025 – Mis à jour 02/05/2025